Notre projet s’oriente vers la mise en place de parcours sonores et d’installations – graphiques et sonores – dans l’espace public autour d’un travail de mémoire (du travail et de l’immigration) dans le quartier Beaubrun (étendu jusqu’à la place du peuple/ et Tarentaize). Ce travail tente de créer des synergies entre acteurs du quartier (Babet, commerçants, associations culturelles…). L’idée est d’installer des manières de travailler durables et d’enrichir le débat socio-urbanistique sur l’avenir du secteur.

Différentes séquences se dessinent :

– d’abord une véritable enquête sur la généalogie de la rue de la Ville qui évoque faste et déclin mais surtout intensité de la vie de cette rue. Un plongeon dans des souvenirs pluriels qui se croiseront et se répondront.

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// Les mémoires recueillies (via pour l’instant une petites dizaine d’entretiens qui se poursuivent) évoquent l’attachement à la rue (typologie/ forme urbaine/ambiance..), les modes de consommation (les grandes occasions, les vêtements sur mesure, les réparations – loin du jetable au départ- et les mutations…), les formes de travail (rythme, transmission familiale, investissements…) l’interdépendance avec les grands équipements (notamment la CAF avec les versements des prestations sociales vite dépensées, les Beaux arts, la Comédie et ses flux…), les coopérations et liens de voisinages entre commerces (liens communautaires – culture arménienne – notamment rôle des enfants qui assuraient le lien et les livraisons), les tentatives vaines de regroupement et de renforcement de la dynamique commerciale (l’échec des associations, la vision trop élitiste de la rue qui a segmenté les commerçants, le manque de perception du centre historique, et un imaginaire collectif du cente historique qui part vers la rue des Martyrs de Vingré…), les politiques publiques et les échecs successifs (en tout cas le peu d’appui à la dynamique commerçante en déclin). Il y a encore plein d’autres choses mais pour l’instant tout est encore confus et au travail !
On organisera un temps en janvier avec les Archives (Caroline Costile)/ mais aussi Isabelle Brenas de Ville d’art et d’histoire sur l’histoire plus ancienne de la rue et avec un éclairage plus scientifique et distancié. Nous allons associer aussi  le Gemmos via Jean Michel Steiner sur l’histoire du monde ouvrier.

– On a un passage rue Émile Loubet très marqué par les commerces ethniques ( lien avec Beaubrun et secteur du quartier dit « Arabe »)img_8762

On voudrait à la fois aller voir la famille HADADI au cœur de la dynamique de la rue / une grande famille très reconnue dans le quartier/ la ville… Il y a aussi quelques commerçants avec des parcours très étonnants comme le patron du Thé à la menthe.
Donc là peut être parler du peuplement, de l’arrivée à Sainté et de l’enracinement progressif. Donner à voir la diversité des parcours mais surtout les modes de sociabilités (liés à histoire ouvrière). Cela peut permettre d’évoquer les cafés comme lieux d’accueil aussi en faisant un lien avec le projet porté par Catherine Gauthier en collaboration avec Sandrine Binoux.
– Ensuite nous passons sur la séquence Émile Loubet/ Beaubrun où l’on sera vraiment sur la question des mutations du travail :
Nous aimerions faire du terrain à la CAF/ voir si on peut interroger les employés mais aussi les usagers. Pour l’instant, nous avons juste fait des observations et nous rendons compte de l’importance et de l’impact de cette structure pour le quartier. Que va t  il devenir lors de son déménagement dans quelques mois ?p1160963
> Lien vers Beaubrun avec le pôle emploi du Babet (via Karima chouchou et Mireille Rogers), et un travail merveilleux d’accompagnement à la recherche d’emploi d’une population précaire. Là on voudrait vraiment parler de la transformation du rapport au travail, de la difficulté d’accès à l’emploi. Des galères de la précarité !

–  Il y aurait un passage sur les mutations de la ville pris par le prisme des métiers et des visions associées (certainement dans le quartier Tarentaize). Entre cette politique de reconstruction/ les grands équipements/ leurs départs successifs… L’exposition réalisée avec l’association de quartier de Beaubrun et les Archives pourra fournir de la matière. Peut etre parler aussi des travaux, des métiers de la construction, de celui d’urbanisme/ d’architecte…

Voilà une petite synthèse des réflexions en cours. Bien sur plein d’autres matériaux seront ajoutés. Des paroles passantes, des prélèvements tout autres liés à la démarche d’immersion au fil de l’eau qui nous déplace…